12 Juin 2024

Décryptage Elections Européennes 2024

Europe

En France, les élections ne sont que le début d'un chamboulement politique important, mais à Bruxelles, les nouveaux eurodéputés prennent leurs quartiers ! Quel impact a l'élection européenne sur le Parlement, la nouvelle Commission européenne et l'écosystème tech ? France Digitale fait le point.

France Digitale fait le point sur les résultats à l’échelle européenne des dernières élections.

 

Quel impact pour l’Union européenne ? 

  • Pas de grands changements de paradigme, le Parti Populaire Européen (centre-droit) reste le premier parti d’Europe, suivi des S&D (sociaux-démocrates, de centre-gauche) : 
    • Alliés aux libéraux de Renew Europe, ces trois groupes pourront donc avoir une majorité, qui peut être étendue sur certains textes avec une potentielle alliance avec les Verts, les Conservateurs du groupe ECR et la Gauche (le groupe européen de la France Insoumise). 
    • Sur le plan législatif, il ne devrait pas y avoir de grands changements à venir. Les priorités annoncées (compétitivité, état de droit, sécurité) devraient bien être celles poussées par cette coalition. 
    • Le cordon sanitaire sur le groupe ID (où siège le RN) ne devrait également pas disparaître. Le RN ne devrait donc pas hériter de dossiers législatifs ou de postes à importance.  
  • Le PPE pourrait néanmoins chercher à s’allier avec la droite conservatrice de ECR, ce qui pourrait refroidir les Socialistes, les Libéraux et les Verts. Cette décision aurait notamment un impact sur l’élection d’Ursula von der Leyen comme Présidente de la Commission, elle qui avait été élue avec seulement 8 petites voix d’avance en 2019.
  • Les grands perdants de l’élection, au niveau européen, sont les libéraux de Renew Europe et les Verts qui perdent chacun une vingtaine de sièges, tandis que les groupes d’extrême droite se renforcent. 
    • Certains n’ont pas encore choisi de groupes européens entre ECR et ID, tels que les députés de Viktor Orban en Hongrie, de Reconquête en France et de l’AFD allemand. Les équilibres pourraient donc légèrement changer. 
  • À la Présidence du Parlement européen, la Présidente sortante Roberta Metsola (PPE) est la favorite pour rester pendant 2 ans et demi, suivie par un S&D entre 2026 et 2029.
  • À la Présidence du Conseil, le nom d’Antonio Costa, ancien Président socialiste du Portugal, revient avec insistance pour succéder à Charles Michel. 

 

Les forces françaises au Parlement européen

  • Les grands gagnants sont sans conteste le Rassemblement National, qui envoient une trentaine d’eurodéputés, bien qu’ils pourraient pâtir du cordon sanitaire à Bruxelles. 
  • De côté de Renaissance, l’écart de 15 points avec le RN est une réelle débâcle. La délégation française va également perdre de l’influence au sein de son propre groupe européen avec seulement 13 députés, même s’ils restent la première délégation de Renew Europe. 
    • Il n’est donc pas assuré pour Valérie Hayer, qui présidait le groupe européen de Renew Europe, de retrouver son poste.
    • Il en va de même pour les Verts français, qui passent de 12 eurodéputés à 5. 
  • La liste Parti Socialiste/Place publique aura de son côté doublé son nombre de députés (13 élus) et cela pourra renforcer sa position au sein des S&D, même si les socialistes espagnols, italiens et allemands restent plus nombreux. 
  • Des députés spécialistes des enjeux de nouvelles technologies (Stéphanie Yon-Courtin, Sandro Gozi, Virginie Joron) et de la transition verte (Pascal Canfin) sont réélus, mais d’autres n’ont pas atteint le score espéré. Chez LR, c’est notamment Geoffroy Didier et Nathalie Colin-Oesterlé, spécialistes respectivement du numérique et de la e-santé, qui ne reviendront pas à Bruxelles. 
    • Enfin, notons l’élection sur la liste PS/PP de Thomas Pellerin-Carlin, fin connaisseur des questions de durabilité et de technologies net-zéro. 

 

La dissolution de l’Assemblée nationale a-t-elle un impact à Bruxelles ?

  • Il est possible qu’Emmanuel Macron mette un peu plus de temps que prévu pour négocier avec ses pairs (voire calendrier) mais des diplomates français ont indiqué que le calendrier ne sera pas perturbé.
    •  Même en cas de cohabitation, c’est le Président seul qui a le pouvoir de nommer un Commissaire, donc ce dernier ne sera pas choisi par le Premier Ministre, quel qu’il soit.
  • Certains MEPs, partant pour l’élection nationale, pourraient néanmoins quitter le Parlement, comme la RN Virginie Joron.

 

Calendrier des prochaines échéances :  

  • 17 juin : Conseil européen, premières discussions sur les tob jobs (1) (avec des discussions informelles préalables lors du G7, le 15 juin).
  • 18 juin : Les groupes européens au Parlement décident de leurs présidents respectifs.  
  • 27-28 juin : Conseil européen entre chefs d’État, nomination espérée du/de la Président.e de la Commission européenne.
  • 16 juillet : Première plénière, la rentrée pour les eurodéputés, qui devraient s’exprimer le 18 juillet pour confirmer (ou non) un profil à la Présidence de la Commission.
  • Automne : Nominations, audiences devant le Parlement et validation du Collège des Commissaires européens.
  • 1 décembre : Le nouveau Président du Conseil, qui succède à Charles Michel, prend officiellement ses fonctions.

(1)  Les tops jobs consistent en la Présidence de la Commission, du Parlement et du Conseil, ainsi que le Haut Représentant aux Affaires étrangères.