Sipearl @Talent Award 2023
Parce que toute belle histoire de scale commence par celle d'une équipe, les Talent Awards mettent chaque année en lumière des équipes de scale-up qui font rayonner notre écosystème en France et au-delà. Retour sur l'histoire de SiPearl, lauréat 2023 du Talent Award "Industry", salué par le jury pour sa capacité à dépoussiérer une industrie vieillissante.
Si Taiwan a MediaTek, les Etats-Unis, Intel, Qualcomm, AMD et Apple… L’Europe a désormais SiPearl. Sa raison d’être, son positionnement dans un marché dominé par des géants, et les difficultés de recrutement… Rencontre avec Philippe Notton, CEO-fondateur de SiPearl.
Un projet pensé par et pour l’Europe
Née de la conviction que le marché des microprocesseurs est stratégique pour le développement d’une tech “Made in Europe”, SiPearl a vu le jour dans les Yvelines avec à sa tête Philippe Notton pour mener à bien une mission claire : créer le microprocesseur haute performance, basse consommation et sécurité sans faille qui sera le coeur des supercalculateurs européens. Ces derniers sont des ressources clés pour résoudre des défis sociétaux tels que la détection rapide des maladies, la modélisation de prévisions météorologiques à haute résolution… et bien d’autres utilisations.
Même si cette scale-up européenne se positionne face à des géants déjà bien établis dans le milieu, Philippe Notton reste confiant : “C’est rassurant d’avoir des concurrents, signe que la demande est bien présente. Même si les investissements sont colossaux pour rattraper son retard, l’Europe est prête à défendre ses standards d’innovation pour répondre à des enjeux politiques plus larges.”
Pour devenir un concurrent sérieux avec une R&D à la hauteur des ambitions, SiPearl a pu compter dès ses débuts sur la France et l’Union européenne grâce à une subvention de 7,4 M€ en janvier 2020 pour arriver à aujourd’hui à un total de 24,2 M€ (notamment dans le cadre de l’European Processor Initiative). Mais aussi sur une première levée de fonds, clôturée en avril 2023 auprès notamment de EIC Fund, French Tech Souveraineté, Arm et Eviden. À hauteur de 90 millions d’euros, cette série A va permettre à la scale-up d’échantillonner son processeur fin 2024. Avec JUPITER, le premier supercalculateur européen capable de réaliser un milliard de milliards de calculs par seconde, elle a gagné son premier client il y a quelques mois.
L’impact au cœur du projet européen
La course aux meilleurs supercalculateurs ne date pas d’hier. Ni d’avant-hier d’ailleurs.
Cette bataille-là remonte officiellement à juin 1993, lorsque le classement du Top500 est créé. Ce dernier classe par ordre décroissant, les 500 superordinateurs les plus puissants au monde. (Rendez-vous ici pour lire le décryptage de la dernière édition de novembre 2023.)
Depuis quelques années, un second classement a vu le jour : le Green500, un classement parallèle au Top500 qui répertorie les 500 « HPC vert » (pour High Performance Computing, ou calcul haute performance).
Deux classements mis à jour tous les 6 mois qui viennent doper chez les constructeurs leur soif de toujours plus de puissance de calcul. On note d’ailleurs que les classements sont largement dominés par les Etats-Unis et la Chine – leaders en puissance de calcul et en construction de microprocesseurs. Et chez France Digitale, on ne croit pas aux coïncidences !
Philippe Notton complète “ces dernières années, on note un changement de paradigme dans les constructeurs de microprocesseurs. Même si la puissance de calcul reste au centre des préoccupations, la sobriété énergétique devient un second avantage concurrentiel. Avec une R&D ambitieuse qui porte à la fois sur la puissance et le rendement énergétique, on a toutes nos chances pour proposer une alternative européenne solide.”
L’Europe sera-t-elle capable de rivaliser en matière de puissance de calcul, avec moitié moins d’énergie consommée ? Réponse dans le Top500 et le Green500 en 2025 !
4 conseils pour réussir à recruter une équipe à hauteur de l’ambition du projet
Avant de se quitter avec Phillippe Notton, nous avons quand même parlé de ses équipes et de la politique RH mise en place pour attirer les meilleurs talents. On a retenu ces quatre bonnes pratiques qui ont su faire la différence :
- Éviter la barrière géographique en multipliant les points d’implantation en France (avec Paris, Grenoble et Sophia-Antipolis), mais aussi en Allemagne et en Espagne.
- Être au plus près des écoles qui forment les corps de métier les plus difficiles à recruter, notamment les ingénieurs.
- Proposer des stages à l’étranger pour attirer des profils plus juniors.
- Favoriser le flexoffice, et proposer des mutations internes pour s’installer proche d’un autre hub de l’entreprise.